Biofioul ou « fioul vert » : une alternative pour se chauffer en polluant moins

02/01/2021 - Copropriété

A compter du 1er janvier 2022, le chauffage au fioul va vivre une mini-révolution. Toute nouvelle installation devra ainsi fonctionner obligatoirement avec du biofioul. Un « fioul vert » en partie à base de colza, moins émetteur de CO2, et voué à remplacer progressivement le fioul traditionnel 100 % fossile. Le point sur cette énergie et les obligations en la matière.

 

L'origine de cette alternative

réglementation biofioulElle faisait partie des 146 propositions de la Convention citoyenne pour le climat à avoir retenu l’attention du gouvernement : l’interdiction d’installer des chaudières au fioul et à charbon dans les bâtiments neufs et anciens, à compter du 1er janvier 2022. Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a ainsi annoncée cette mesure le 27 juillet dernier.

 

Du reste, le plan climat de 2017 prévoyait déjà le remplacement d’un million de chaudières au fioul sur les 3,5 millions installées en France. Mais cette interdiction pure et simple, en plein cœur de l’été, a fait l’effet d’un coup de tonnerre auprès des professionnels et des particuliers.

 

 

 

Haro sur le fioul, place au biofioul !

Finalement, juste avant la rentrée, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, a clarifié les choses. « L’interdiction visera les chaudières dont les émissions de CO2 sont supérieures à un seuil chiffré », a-t-elle ainsi déclaré à Génie Climatique Magazine. Concrètement, ce ne sont plus les chaudières au fioul en tant que telles, mais le type de combustible qu’on y met qui est visé.

 

Tous les combustibles dont les émissions dépasseront 250 gCO2/kWh PCI seront ainsi proscrits. Ce qui permettra des installations de chaudières neuves conçues pour le biofioul F30 (cf. ci-dessous « Biofioul : de quoi parle-t-on ? ») Le fioul 100 % fossile a donc clairement vécu. Place au biofioul, ou « fioul vert » à base de colza.

Biofioul : de quoi parle-t-on ?

fleur colza production biofioulLe biofioul est un mélange de fioul domestique et de biocarburants (ester méthylique d’acide gras ou EMAG) à base de colza. Il existe plusieurs types de biofioul en fonction de la concentration en EMAG. Ainsi, le biofioul F10 contient 90 % de fioul domestique et 10 % d’EMAG. le biofioul F30 contient 30 % d’EMAG et ainsi de suite jusqu’au biofioul F100 entièrement issu du colza, mais non encore développé à ce jour.

 

La Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C) entend ainsi lancer le biofioul F30 sur l’ensemble du territoire français d’ici 2022. Suivrait ensuite le biofioul F50 entre 2025 et 2030, enfin, le biofioul F100 entièrement « vert », car non fossile, aux alentours de 2040. Un planning construit en lien avec la Fédération française des pétroliers indépendants et la Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (Fop).

Des modifications plus ou moins lourdes à prévoir sur les chaudières fioul

Si le F10 est compatible avec les chaudières et brûleurs fioul existants récents, tel n’est pas le cas avec une concentration supérieure de biocarburant de colza. Ainsi, entre 20 et 30 % d’EMAG, le brûleur doit être modifié. Tandis que l’utilisation de F50 et de F100 implique le remplacement total de la chaudière.

Quid du matériel de chauffe nécessaire ?

Les professionnels de la plomberie et du chauffage travaillent à la mise en œuvre d’un équipement de pompe à chaleur (PAC) hybride au fioul, hautes performances. Dans un premier temps, il s’agirait ainsi d’associer une PAC à une chaudière biofioul basse température, puis, dans un second temps, une PAC et une chaudière biofioul à condensation. De quoi réduire significativement la consommation.

Le biofioul moins polluant que le fioul "traditionnel"

La combustion du biofioul F10 génère un équivalent CO2 (CO2eq) inférieur de 5 % par rapport à celle du fioul domestique. Ce potentiel de réchauffement global par rapport au CO2 diminue de 15 % avec du biofioul F30, de 25 % pour le F50 et de 50 % pour le F100.

Un net surcoût sans aides

payer facture biofioulL’ajout de biocarburant dans le fioul classique a un impact sur le coût final. Ainsi, selon la FFF3C, le surcoût par rapport au fioul domestique est de l’ordre de 2 à 2,5 centimes d’euros par litre pour du biofioul F10. Il est en revanche compris entre 6 et 7 centimes d’euros par litre pour du biofioul F30. Sachant que pour le biofioul F50 et F100, il est encore trop tôt pour déterminer un tarif.

 

Or, selon une étude réalisée en août 2020 par OpinonWay pour la FF3C, 38 % des sondés affirment être prêts à payer 1 à 5 % de plus pour utiliser du biofioul. La viabilité économique du « fioul vert » dépendrait ainsi d’une exonération d’au moins un tiers du prix TTC du fioul domestique. Sachant que les taxes et la TVA représentaient environ 33 % du prix TTC en janvier 2020 et 39 % en septembre.

 

Afin de rendre le biofioul plus attractif, la FF3C demande donc que la part de biocarburants soit exonérée de taxes. Les installateurs souhaiteraient quant à eux des coups de pouce financiers pour aider au remplacement d’un brûleur fioul domestique par un brûleur compatible avec le biofioul F30, mais aussi pour l’installation de PAC hybrides biofioul. Autant de mesures auxquelles les pouvoirs publics n’ont jusqu’ici pas donné suite.

 

Le marché du fioul domestique en France en quelques chiffres

 

•       3,5 millions de résidences principales disposent d’un chauffage au fioul

•       13,4 millions de Français ne disposent pas d’un raccordement au gaz de ville

•       7 millions de m3 de fioul domestique ont été livrés en 2019, soit une baisse lente mais continue depuis plusieurs années

21 000 chaudières fioul et 38 000 brûleurs fioul ont été vendus en 2019

Ce qu'il faut retenir

•       Les chaudières au fioul « classique » seront interdites pour des installations neuves dès le 1er janvier 2022 ;

•       Les chaudières neuves devront obligatoirement utiliser, a minima, du biofioul F30 ;

•       Sur les chaudières existantes, les professionnels pourront proposer d’adapter le brûleur ou de le changer au profit d’un brûleur dédié au biofioul F30.

•       Le biofioul pollue moins, émet moins de CO2, mais s’avère plus cher à l’achat, ce qui le rend peu compétitif sans aides.

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